FAIRE

EXPÉRIMENTER

EN

GESTALT

En gestalt-thérapie, comment se déroule une séance ?
Explicitation de l'approche qui permet d'associer créativité et expérimentation par Laurent Biscarrat.

Ce que « faire expérimenter » veut dire en séance de thérapie

Les expérimentations sont une des spécificités du travail thérapeutique en gestalt. 
Si l’on regarde l’étymologie du mot, il nous ramène au latin classique « experientia » qui signifie « essai, épreuve, tentative » et dont le sens, dès le XII^e siècle, est posé comme « une connaissance acquise par la pratique ».

En gestalt, les expérimentations ne démentent ni la sémantique ni l’étymologie du mot, en ce qu’elles constituent la possibilité de proposer, aux personnes que l’on accompagne, de tester verbalement, corporellement, par l’imaginaire, une situation dont il est question dans la thérapie. Ce peut être par exemple, lorsque la personne évoque sa difficulté à se montrer, de lui proposer de se cacher physiquement ou de se montrer encore plus en se mettant sur un piédestal.

L’expérimentation est alors utilisée dans le but de :


• donner une forme concrète à l’expérience vécue par notre client.e et dont il est question à l’instant de la thérapie. Cela permet de faire émerger à la conscience ce qui est là avec toutes les implications émotionnelles ou cognitives,
• permettre à notre client.e de vivre son expérience ici et maintenant en présence du thérapeute, avec son soutien, ce qui peut aider à traverser quelque chose de difficile et que la personne ne pourrait envisager toute seule,
• mettre notre client.e au plus près de la situation dont il est en train de parler, pour observer ensemble les mécanismes de régulation du contact mis en place,
• explorer, ensemble, l’ajustement créateur et ainsi aider notre client.e à faire « autrement que d’habitude ».

Quelques règles sont primordiales pour expérimenter avec un.e client.e :

Tout d’abord, il est indispensable de ne rien imposer à notre client.e et parfois simplement le fait d’imaginer l’expérimentation, d’en parler ensemble, peut être très important.


Ensuite, l’expérimentation se co-construit. C’est-à-dire que la forme que va prendre cette mise en situation, cette représentation matérielle de ce qu’a évoqué le ou la cliente, ne peut se réaliser concrètement qu’avec notre client.e. Il n’y a que ce dernier qui sait s’il faut qu’il soit assis ou debout, ici ou là, loin ou près. Nous pouvons bien sûr faire des propositions mais avec une grande prudence.

Enfin, cela réclame, de notre part, une awareness bien présente. Notre capacité à avoir conscience de nous, de l’autre et de la situation est absolument nécessaire. Repérer les signes physiques qui montrent que votre client.e pourrait être en sidération (et donc n’est plus en mesure de nommer ce qui lui convient ou pas) repérer les prodromes d’une attaque de panique, sentir que notre client.e accepte pour « nous faire plaisir ». Autant de situations qui réclament une conscience bien aiguisée de notre part.

Article du 30 septembre 2023 par
Laurent Biscarrat (Gestalt-thérapeute, sexologue, formateur et superviseur)

Découvrez aussi, par le même auteur :

Si j'existe, je meurs - le courage d'être soi dans un environnement hostile, Gestalt, 2018, n°52, pages 59 à 71
La thérapie hors les murs - Quand le thérapeute sort de son cabinet, Gestalt, 2020, n°55, pages 59 à 73

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• Article créé le 22/09/2023
• Mis à jour le 02/10/2023 à 12h10